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Pascal Coppens fait exploser nos clichés sur la Chine et clarifie ce que les occidentaux trouvent souvent incompréhensibles. Il explique l'inexplicable. Voici des questions auxquelles nous ne pouvons pas trouver de réponse toute faite.
TRANSFORMATION SUR 3 PILIERS
En tant que sinologue, entrepreneur et innovateur, il est l’homme idéal pour nous donner un aperçu de l'avenir de l'occident, basé sur son expérience de la transformation ultra-rapide de la Chine depuis 1990. Cette transformation repose sur 3 piliers :
ÉDUCATION FUTUREPROOF
La transformation n'est pas encore achevée. D'ici 2030, la Chine veut être le premier innovateur mondial. Et elle réussira. Les chinois respectent les cinq principes de l'éducation « futureproof » : la passion, la curiosité, l'imagination, l'esprit critique et la persévérance.
La concurrence exige du talent, mais en Chine, 5 millions de personnes sont diplômées des STEM chaque année. Assez pour devenir un leader en matière d'innovation. Dans notre monde de volatilité, d'incertitude, de complexité et d'ambiguïté, elles peuvent aller à l'encontre de la "China speed". Que pensez-vous d'un grand hôpital pour traiter le covid construit en dix jours à Wuhan ?
‘China speed’ combine 4 éléments de rapidité :
Trois questions pertinentes !
L'Europe a-t-elle encore un avenir ? Le dynamisme a disparu. La Chine est plus pragmatique.
Pascal Coppens: « Peut-être devrions-nous nous concentrer sur ce à quoi nous pouvons apporter une valeur ajoutée. Leur grand avantage, la rapidité, est également un inconvénient : ils se dépassent parfois eux-mêmes. La recherche et l'analyse prennent du temps. Ils avaient l'habitude de faire venir des gens de l’occident, mais depuis la crise, ils doivent le faire eux-mêmes, même si c'est moins dans leur culture. Nous pouvons faire notre part en acceptant la lenteur, en faisant des choses qui prennent du temps et qui doivent être bien faites. Nous serons alors toujours en mesure de travailler avec les chinois. Mais en effet : le monde tourne plus vite et nos entrepreneurs doivent passer à la vitesse supérieure ».
Quelles sont les opportunités pour les entreprises européennes en Chine ?
Pascal Coppens: « Pour les entreprises des secteurs cleantech, biotech ou de la microélectronique, qui figurent en tête de la liste des priorités de la Chine, le tapis rouge sera déroulé. Tant pour leurs produits que pour leurs services. Les soins aux personnes âgées, par exemple. Ils n'ont aucune expérience en la matière, car les personnes âgées vivaient autrefois avec leur famille. Jetez un coup d'œil au plan ‘Made in China 2025’. Si vous pouvez faire quelque chose à ce niveau-là, les gens seront intéressés par vos services. Donc oui, il y a de nombreuses possibilités ».
Qu'en est-il de Huawei ?
Pascal Coppens: « Huawei est un paradoxe. Ils ont connu le plus grand nombre d'attaques et de défis en termes de sécurité et ont ainsi construit le système le plus sûr du monde. Et nous ne faisons pas confiance à ce système le plus sûr. Nous pourrions en apprendre beaucoup, mais nous nous coupons de leur expertise. Notre réticence crée des problèmes pour Huawei, mais ils trouvent des solutions. Ils exploitent donc de nouveaux marchés avec d'autres produits. Malgré tout, Huawei a surpassé la concurrence ce trimestre. Nous devrions discuter avec eux, sans perdre de vue la sécurité de nos données bien sûr ».